Le Web joue un rôle clef dans la révolution numérique, mais conditionne aussi notre prospérité et notre liberté. Comme la démocratie, il a besoin d’être protégé.
Le numéro 404 de juin 2011 du magazine français Pour la Science propose un article de Tim Berners-Lee intitulé « Longue vie au Web ?« , dans sa rubrique Questions Ouvertes. Cet article est la traduction de la version originale « Long Live the Web » parue en anglais en décembre dernier dans le magazine Scientific American.
Dans cet article, le créateur du Web fait un large plaidoyer sur quelques principes de base indispensables à la survie du web : universalité du web, décentralisation, normes ouvertes, neutralité d’Internet, sauvegarde des libertés individuelles,…
Tim Berners-Lee explique la nécessité de garder la distinction entre Web et Internet, et mentionne aussi clairement les risques et dérives du web : des réseaux sociaux isolant les données aux fournisseurs d’accès appliquant des restrictions à géométrie variable, en passant par les URI « itunes: » uniquement accessible au programme propriétaire iTunes d’Apple.
Tim BERNERS-LEE : Longue vie au Web ?,
Les alternatives ne sont pas simples car si l’Internet est devenu le fief des sociétés commerciales c’est en grande partie à cause de son coût pour permettre une qualité que tous le monde recherche.
J’ai essayé plusieurs fois de lancer des hébergements alternatifs à prix coutant, à un tarif coopératif aussi etc etc mais in fine le coût de base reste élevé voir bien plus cher que les offres rabais de plusieurs sociétés ou encore des offres cloud.
Essayer de mettre un site chez soi est impensable de par la lenteur et le coût de l’énergie; sans penser aux divers tracas des coupures électriques, du vol ou autres dégâts de l’habitat. Mais surtout de part la lenteur en envoi de nos connexions Internet; ceux qui se risquent à mettre leur site web chez eux le voient rapidement quand ils publient leurs photos de famille et que personne n’arrive à voir la fin de l’album car c’est beaucoup trop lent pour une personne mais 5 ou 10 … c’est impensable.
Reste les initiatives de réseaux filaires de quartier ou réseaux sans fils sur des distances plus grandes; là encore l’idée de base intéresse du monde mais ça bloque rapidement quand on parle d’acheter une antenne, ou de la placer sur un toit voire quand au final on annonce à la personne que ça donne accès à un réseau qui n’est pas l’Internet au sens grand public mais l’une de ses branches et dont les accès avec les autres branches sont possibles mais lentes et souvent interdites par les lois ou le fournisseur d’accès.
Par rapport au cloud qui serait un concentrateur à un point et donc à l’opposé de l’idée que l’on se fait de l’Internet je tiens à dire que c’est déjà grandement le cas avec les centres de données qui ne sont pas nombreux; par exemple en Belgique si nous ne comptons pas les centres de données des opérateurs nationaux il doit en rester moins de 20 et moins de 5 qui sont très fréquentés. Au final presques tous les opérateurs passent par 2 ou 3 points dans le pays … donc la notion de toile résistante n’est plus une vue locale/nationale mais vraiment de pays où l’on pourrait se passer de la Belgique pour faire un Paris – Amsterdam mais qui ne résoudrait pas le soucis du particulier Belge.
Maintenant si on regarde le réseau Internet d’origine entre université ou centre de recherche, et qui reste assez neutre, celui existe toujours BelNet pour la Belgique ou Renater pour la France. Ils ont leur propre réseau et leurs propres peerings mais on n’a rien sans rien.
Un exemple de tentative de démocratisation du DNS , base de notre bel Internet, Registry.42
De mon point de vue, la solution, si elle existe, passe par la coopération de sociétés commerciales qui seront d’accord de créer des modèles économiques non basés sur l’appropriation ou le contrôle. Sinon, les citoyens libristes devront (re)constituer un internet parallèle pour éviter de tomber sous le joug d’ambitieux hégémonistes !
En observant l’évolution du web ces dernières années, il est clair que sa neutralité et son statut de réseau de partage de la connaissance sont gravement menacés.
Le web est rapidement devenu un espace commercial et publicitaire très convoité au point que l’on trouve normal d’être abreuvé de publicités lorsqu’on surfe et même lorsqu’on fait une recherche sur un moteur. L’avènement des smartphones ouvre de nouvelles perspectives aux sociétés commerciales qui commencent à monétiser des services en ligne par abonnement. Le « Cloud » que l’on fait passer pour une nouvelle technologie et qui veut dématérialiser entièrement l’utilisation d’un ordinateur au point de le transformer en « minitel 2.0 ».
Les états souverains, la France en tête, veulent maintenant légiférer cet espace de libertés sous le lobby des multinationales…
Je pourrais continuer encore longtemps…
Je suis d’accord avec Tim Berners Lee, il va falloir être vigilant et tenter de sauver les valeurs originelles qui ont poussé ces ingénieurs à créer le web !